Posts Tagged ‘bellons’

Lili des Bellons

Lili des Bellons

Aujourd’hui le Bon Dieu de la télécommande m’a conduit tout droit sur TMC (!) qui diffusait Le Château de Ma Mère en tout début d’après-midi. Ça faisait un bail que je n’avais pas revu ce film, dont les cigales ont pourtant accompagné mes rêveries d’enfant. Mon regard de spectatrice adulte, exigeante, et un tout petit peu snob (!!) n’a pu feindre d’ignorer les quelques défauts de la mise en scène et du jeu des acteurs, qui me paraissaient pourtant parfaits à l’époque; j’avais même écrit  en 4ème une rédaction sur Nathalie Roussel, qui joue Augustine, et qui était pour moi symbole de douceur, bonté, beauté, calme et volupté, ce qu’elle devait en grande partie à la manière qu’avaient l’ensemble des protagonistes de prononcer son prénom, avec du sud plein la gorge… « Augustine »…

Bref, je ne vais pas m’attarder trop sur Pagnol, car j’ai déjà versé dans le sentimental larmoyant hier avec Monet, et je ne voudrais pas débuter ce blog sur une note trop tristoune et nostalgique. Et rien ne me rends plus nostalgique que Pagnol.

Je reviendrai donc sur Pagnol dignement et en temps voulu (c’est à dire en été; on ne parle pas de la Bastide Neuve, de bartavelles et de Garlaban sans un soleil de plomb et un crépitement d’herbes sèches). Toujours est-il que le Bon Dieu de la télécommande, loué soit-il, une fois n’est pas coutume, a rempli ma journée de l’accent de Marseille, d’oncle Jules et de petit Paul, de Palmes Académiques et de pièges aux aludes, et je ne résiste pas à rendre ici hommage à la plume de Lili des Bellons. Et je me tais et lui laisse la parole:

Ô collègue! je met la main à la Plume pour te dire que les grive sont pas venu cet année, rien mé rien, même les darenagaz sont parti, comme Toi. jen n’ai pas prit deux. les perdrots non plus. j’y vais plus cé pas la pène. il veau bien mieux Travaillé à l’Ecole pour apprendre l’Ortograffe autrement quoi ? c’est pas posible, même les saludes il n’y en a pas guaire. elles sont peutites, les soiseaux en veut pas. Cet Malheureut, tu en as de la Chanse de pas être ici cet un Dézastre. je me langui que tu vien. alor, les Soiseaus tant bien, et les perdrots – et les Grive pour noèl. En plus, il m’ont volé douze Pièje et au moins Sinquante Grive. Je sé quicé. les plus beau Pièje. cé celui d’Allo, le Boiteut. Rapèle toi que je m’en rapèlerai. et en plus il fet froid, avec mistralle. tous les~jours à la chasse j’ai les Pieds glassés. heureusement j’ai le Cachené. mais je me languis de toi. batistin est contant: il prend trente grive par jour. à la Glue. avantiers, dix orthollan, et Samedi douze saire gavotte. à la Glue. avantiers je suis été sous tête Touge, j’ai voulu écouter la Pierre, sa m’a glassé l’oreille. èle veut plus chanté éle fet que Pleuré. voilà les nouvèle. salut la Compagnie. je t’envois une feuille de soge pour toi et une viollète pour ta mère. ton ami pour la vie lili. mon Adrèse. Les Bellons Par Lavalantine France. ça fet trois jours que je t’écrit, pas que le soir je continut. ma Mère est contante. èle se croit que je fét mes Devoirs. Sur mon Cahier. Après, je décire la paje. le tonère a escagasé le grand Pin de Lagarète. il reste plus que le Tron, et pouintu comme un sifflé. Adessias. je me langui de toit. mon adrèse: les Bélons parlavalantine. France. le facteur s’apèle fernan, tout le monde le connet, il ne peut pas se trompé. il me connet très Bien. moi aussi. ton ami pour la vie. Lili